La seule raison pour laquelle Thorrn est parti sur Terre, c’est pour trouver des femmes compatibles avec son espèce, même s’il s’attend à rester seul jusqu’à la fin de sa fichue vie. Brisé physiquement et intérieurement, il est persuadé qu’aucune femme ne voudra jamais de lui. Mais tout change à l’instant où il aperçoit une terrienne impertinente, au tempérament de feu à l’image de ses cheveux roux flamboyant. Alors que son instinct de reproduction se déchaîne, il devra choisir : la conquérir, ou la ramener sur sa planète pour qu’elle soit étudiée par les scientifiques.
Ayant enfin réussi à quitter son petit ami violent, Jenny est prête à démarrer une nouvelle vie. S’occuper de la promotion d’une nouvelle agence de rencontres lui apparaît comme le projet parfait pour se changer les idées. Et si elle n’avait pas prévu de rencontrer un extraterrestre à l’allure de Highlander sexy, lorsqu’il lui propose de la protéger de son cinglé d’ex-copain, elle est tentée d’accepter son offre. Et puis, elle a vraiment besoin de savoir ce qu’il cache sous son kilt.
Mais lorsqu’elle découvre que son peuple a l’intention de l’étudier comme un rat de laboratoire, peut-elle lui faire davantage confiance qu’à son ex ?
Si vous voulez des Highlanders extraterrestres en kilt sexy, des femmes fortes qui n’aiment pas qu’on leur dise quoi faire, des amants prédestinés et des happy ends, plongez dans l’univers des Highlanders du Starlight.
Je jetai un regard noir à la planète bleue qui s’agrandissait rapidement en dessous de nous. Je n’avais pas le temps pour ça. Il fallait que je me prépare pour un combat. Je ne m’étais pas entraîné pendant des mois juste pour que mon frère me déconcentre avec ses toutes dernières combines désespérées. Contrairement à lui, j’avais depuis longtemps renoncé à sauver notre espèce, préférant vivre au jour le jour. En me battant. En savourant la joie d’être vénéré par les foules. En repoussant toujours plus les limites de mon corps. Et en profitant de tout le luxe que mes récompenses me permettaient de m’offrir.
Cyle, en revanche, était un éternel optimiste. Il croyait encore que nous pouvions trouver des compagnes et assurer la survie de notre espèce. Quelque part dans la galaxie, espérait-il, il existait des femmes compatibles. Il avait consacré sa vie et sa carrière à la recherche de compagnes. Nous avions été proches à une époque, mais nos différentes conceptions de ce qui était important nous avaient éloignés l’un de l’autre.
Jusqu’à aujourd’hui. Je le regardais roupiller sur le siège d’en face. Comme d’habitude, j’avais l’impression de regarder dans le miroir. Nous n’étions pas jumeaux mais les gens pensaient souvent que c’était le cas. Les mêmes cheveux roux vif qui nous arrivaient aux épaules – même si lui les gardait détachés, tandis que les miens étaient étroitement tressés pour qu’ils ne me gênent pas pendant les combats –, les mêmes yeux verts, les mêmes taches de rousseur éparpillées sur un nez épaté. Évidemment, j’étais bien plus musclé que lui, mon corps ayant été renforcé par des années d’entraînement, mais comme tous les Albyens, il était naturellement doté d’une carrure athlétique. En revanche, sa deuxième paire de bras était assurément plus fine que la mienne. D’un autre côté, il avait toujours ses deux antennes. J’avais perdu mon antenne gauche lors d’un combat cinq ans auparavant, et celle de droite était tordue de façon permanente. Une autre raison pour laquelle je n’étais pas très emballé par toute cette histoire de compagnes. Aucune femme ne regarderait un homme sans antennes fonctionnelles. Sans cela, comment faire pour sentir que nous avions trouvé notre seul et véritable amour ?
Nous allions bientôt entrer dans l’atmosphère. Je devais bien reconnaître que la planète était jolie vue de loin, un superbe ensemble de nuances de bleu et de vert, recouvert de traînées blanches à certains endroits. Albya était pour l’essentiel composée de terres, de grands lacs et de rivières plutôt que d’océans. Notre planète était aussi beaucoup plus petite que Péritus, ou la Terre comme l’appelaient les indigènes. Non pas que c’était très important, puisque notre peuple était sur le point de disparaître.
— On arrive dans quinze clics, nous annonça le pilote. Ça va peut-être secouer un peu ; l’atmosphère est plus épaisse que celle à laquelle on est habitués.
Je vérifiai que j’étais toujours correctement attaché, puis fermai les yeux. J’avais horreur des atterrissages.
***
Avec le bouclier caméléon activé, nous nous étions posés sur une piste d’atterrissage pleine d’avions péritens. Ils avaient un spatioport dans ce pays, mais il était élémentaire et bien trop éloigné de la ville où nous devions rencontrer l’humaine prénommée Pam. Les Péritens avaient fait leurs premiers pas dans l’espace, mais le Conseil intergalactique n’avait pas encore ouvert le dialogue avec leur gouvernement. Techniquement, nous allions à l’encontre des lois du CIG en allant visiter cette planète, mais Cyle et ses collègues étaient désespérés. Tant que nous portions nos combiflages, nous aurions l’apparence des natifs et cela ne serait pas considéré comme un premier contact. Ces combinaisons étaient inconfortables, surtout parce qu’elles nous obligeaient à garder nos bras inférieurs plaqués contre nos corps, mais c’était la seule façon de se mêler aux autochtones sans être identifiés comme des extraterrestres.
Si Cyle avait raison et que nous trouvions des femmes compatibles ici, nous allions devoir déterminer comment nous y prendre. C’était la raison pour laquelle il m’avait demandé de venir. Pour assurer leur protection. Même si je me battais sur le ring avec quatre poings, j’étais parfaitement compétent avec deux mains et je connaissais bien les armes d’un vaisseau spatial. Si le pire devait arriver, c’était ma responsabilité d’assurer la sécurité de mon frère et des autres.
Même si je ne croyais pas qu’un combat finirait par arriver. Les Péritens étaient frêles et faibles. Je m’étais renseigné pendant le vol et n’étais pas impressionné par leur espèce. Néanmoins, même si Cyle et moi nous étions curieusement éloignés, je ne doutais pas qu’il avait de bonnes raisons pour avoir choisi cet endroit. C’était notre scientifique le plus éminent et le Parlement albyen avait accepté de financer ce voyage de recherche. Je ne connaissais rien à la science et je m’en foutais pas mal. J’étais là uniquement parce que Cyle me l’avait demandé. Il m’avait même supplié de venir. Comme c’était le seul membre de ma famille encore vivant, je n’avais pas réussi à refuser. Et maintenant nous étions sur Péritus, une planète loin de notre propre galaxie, pour trouver des compagnes.
Cyle nous conduisit à un hôtel proche de l’aéroport. Quelques Péritens nous jetèrent des regards intrigués, mais nos combiflages fonctionnaient, j’avais vérifié à plusieurs reprises. Mon frère avait décrété que nos vêtements étaient suffisamment similaires à ceux des autochtones, donc les combinaisons ne dissimulaient que nos antennes et nos bras secondaires. Nous étions plus grands que la plupart des Péritens, mais d’après Cyle, notre taille restait dans les normes naturelles.
— Oh ! les Highland Games, c’est pas avant le mois prochain ! s’écria un homme.
Je ne savais pas trop de quoi il parlait, alors je l’ignorai. Il ne me paraissait pas dangereux. Cela confirmait, en revanche, que les sessions linguistiques du neuro-training avaient fonctionné. Je le comprenais aussi bien que s’il avait parlé en albyen standard. Toutes ces nuits passées avec ces implants inconfortables n’avaient pas été vaines.
Un groupe de femmes de l’autre côté de la rue gloussa et nous pointa du doigt. Je tendis mon antenne vers elles, juste au cas où l’une d’entre elles serait ma compagne. Je n’étais même pas sûr d’être capable de la reconnaître avec une seule antenne. Il n’existait aucune femme sur Albya sur qui m’entraîner, du moins aucune d’éveillée. Je ne ressentais aucune attirance sexuelle pour les femmes prisonnières du Sommeil, qui étaient les dernières survivantes.
— Est-ce que toutes leurs femmes ressemblent à ça ? demanda Jafar.
C’était le collègue de Cyle qui avait joué un rôle fondamental dans la prise de contact avec la patronne péritenne d’une soi-disant agence de rencontres. Je n’avais pas tout à fait compris le concept, mais il semblait qu’ils aidaient les couples à se former. Je n’avais aucune idée de comment ils s’y prenaient. Comment pouvaient-ils faire ça sans que les gens se soient rencontrés ? Les Péritens n’avaient certes pas d’antennes nuptiales, mais ils avaient sûrement une sorte de mécanisme interne qui leur permettait de reconnaître leur partenaire ?
— Je crois, oui, répondit Cyle en dévisageant les femmes. Je l’espère. Vous avez vu ces jambes ?
— Leurs jambes ? Ce sont leurs seins que j’admire.
J’émis un petit rire. Évidemment qu’il admirait leurs seins. Jafar était un scientifique comme Cyle, mais il était moins réservé et moins poli que mon frère. Même si Cyle appréciait les poitrines des femmes, il ne le dirait pas parce que ce n’était pas correct. Notre mère avait fait en sorte de nous enseigner les bonnes manières. Nous avions beau n’avoir pas vu de femmes depuis longtemps, ni lui ni moi n’avions oublié ce qu’elle nous avait inculqué. Traiter les femmes avec respect. Les complimenter sur leur intellect plutôt que sur leur physique. Les protéger sans les priver de leur indépendance. Néanmoins, je comprenais totalement le point du vue de Jafar. Rien que de regarder ces femmes, j’en avais l’eau à la bouche et mal aux boules.
— Tu sens quelque chose ? murmurai-je à Cyle pour m’assurer que Jafar ne pouvait pas m’entendre.
Même si mon handicap était évident, je n’aimais pas attirer l’attention sur mon antenne manquante.
— Non, mais elles sont peut-être trop loin. Je ne sais pas trop à quel point on est censés être proches. On le saura demain quand on rencontrera Pam. Elle a trouvé des partenaires à des centaines de Péritens. Elle saura.
— Une véritable experte alors. Comment tu l’as trouvée ?
— J’ai piraté leur réseau de communications planétaire, le World Wide Web, ils appellent ça. Je ne sais pas pourquoi ils diffusent ça dans l’espace, mais je n’aurais jamais trouvé Pam sans ça, donc je ne vais pas me plaindre. Les Péritens ont probablement leurs raisons. Peut-être qu’ils sont au courant de la décision du CIG et veulent protester contre le fait d’être maintenus dans l’ignorance. Peut-être que c’est leur façon d’attirer des voyageurs et des commerçants vers leur planète.
— Je vais aller les voir et leur dire que j’aime leurs seins, annonça Jafar. Peut-être que ça activera mes antennes.
Je l’attrapai par les bras.
— Non, tu ne vas pas faire ça. On va attendre notre réunion de demain. On ne veut pas attirer l’attention sur nous.
Il marmonna entre ses dents mais ne fit aucune tentative pour rejoindre les femmes de l’autre côté de la rue. Elles nous lançaient encore des regards et je dus mobiliser toute ma volonté pour les ignorer.
En se servant de la technologie « web » des Péritens, Cyle nous avait réservé trois chambres d’hôtel. Vaxx, notre pilote, était resté sur le vaisseau pour s’assurer qu’aucun indigène ne tomberait dessus par accident. Il n’était de toute façon pas intéressé par les femmes, préférant la compagnie des autres hommes. Parfois, je regrettais de ne pas être comme lui. J’avais été avec d’autres hommes bien sûr, comme la plupart des Albyens qui avaient besoin de satisfaire leurs pulsions, mais au fond de moi, ce n’était pas ce que je désirais ou ce dont j’avais besoin. Je me serais peut-être résigné à passer le reste de ma vie sans compagne, mais ça ne signifiait pas que mon corps n’aspirait pas follement aux aspects charnels du couple.
Le Périten à la réception de l’hôtel nous tendit à chacun une carte bizarre.
— Vous êtes ici pour un mariage ?
J’échangeai des regards avec les autres, dans l’espoir qu’ils sachent de quoi il parlait.
— Non, finit par dire Cyle. On est ici pour affaires.
— Ah, OK. Je croyais, à cause des kilts, vous savez. On ne voit pas beaucoup de gens les porter ici à cette période de l’année, à moins qu’ils se rendent à un mariage.
Pit air iteig ! Cyle avait été persuadé que nos vêtements traditionnels étaient conformes à ceux des autochtones. C’était pour cette raison qu’on était venus dans cette région de Péritus. Les locaux avaient des physiques et des traditions remarquablement similaires aux nôtres, ce qui avait donné bon espoir à mon frère de trouver des compagnes compatibles ici. Est-ce que notre couverture avait été grillée à peine vingt clics après notre arrivée ?
— Nous allons partir nous coucher maintenant, dis-je rapidement avant de tourner le dos au Périten, en espérant que les autres suivraient le mouvement.
C’était peut-être un peu impoli, mais je ne voulais pas prolonger cette conversation.
— Vous êtes au deuxième étage ! s’écria l’homme derrière nous. Faites juste glisser la carte pour entrer dans la chambre. Ne les perdez pas ou on vous les facturera !
Nous prîmes un mode de transport primitif pour accéder au deuxième étage. Un long couloir insipide nous attendait, débouchant sur des chambres encore plus insipides. Au moins je n’allais pas être contraint d’écouter les ronflements de Cyle. Les parois à l’intérieur du vaisseau étaient bien trop fines, comme je m’en étais vite rendu compte.
Une carte indiquant une liste de choses à manger était posée sur la table, mais je n’avais pas faim. Je n’avais pas non plus demandé à Cyle si la nourriture locale était acceptable pour nous. Je me contentai de retirer ma combiflage et partis me coucher, en espérant que l’Autorité intergalactique n’était pas en route pour nous arrêter pour avoir enfreint une douzaine de lois en venant sur Péritus.
Le lendemain, nous saurions de façon certaine si nous avions enfin trouvé des compagnes et avec ça, l’espoir de sauver tous les Albyens.