Si June s’est inscrite à une agence de rencontres, c’est uniquement parce qu’elle a perdu un pari. Elle n’aurait jamais imaginé qu’elle partirait en voyage tous frais payé pour rencontrer des Highlanders bien gaulés.
Ce que personne ne lui a dit, c’est que ces Highlanders sont des extraterrestres et qu’ils vivent sur une autre planète. Et ils sont prêts à tout pour trouver une compagne – à tel point que rien ne garantit qu’elle retournera un jour sur Terre.
Comme si ça ne suffisait pas, l’immense alien en kilt avec qui on l’a branchée vit dans une ferme. Au milieu de nulle part. Entouré d’animaux qui empestent. C’est la définition même de l’enfer pour June, pourtant dès qu’elle pose les yeux sur lui, son corps la trahit.
Eron passe son temps à s’occuper de son élevage de taigeis. Ces animaux au poil soyeux sont la seule compagnie dont il ait besoin. Il a totalement coupé les ponts avec la société, alors quand un vieil ami lui annonce qu’on lui a trouvé une potentielle compagne originaire d’une planète lointaine, son premier réflexe est de refuser.
Pourtant à l’instant où il la rencontre, ses antennes nuptiales s’embrasent et il n’a plus qu’une idée en tête : qu’elle lui appartienne. Il la désire de tout son être, mais il ne peut prendre le risque que qui que ce soit découvre le terrible secret qui a fait de lui un paria.
Trouvera-t-il la force de la repousser avant qu’elle s’empare de son cœur ?
Si vous voulez des Highlanders extraterrestres en kilt sexy, des femmes fortes qui n’aiment pas qu’on leur dise quoi faire, des amants prédestinés et des happy ends, plongez dans l’univers des Highlanders du Starlight.
Le cupidon portait un kilt. Je clignais des yeux vers le logo criard de l’agence de rencontres, espérant être ailleurs. Si Anna n’avait pas été assise à côté de moi, je serais partie depuis une heure déjà.
— Fais pas cette tête, on dirait que tu es sur le point de te faire torturer et brûler vive, murmura Anna. Ça va être marrant.
C’était ma meilleure amie, mais parfois, j’avais envie de l’étrangler.
Si seulement je n’avais pas accepté ce pari. J’étais alors complètement bourrée et sur le moment, ça m’avait paru une bonne idée. En y repensant, c’était évident qu’Anna m’avait piégée. Elle savait que j’étais nulle aux fléchettes. Elle savait que j’étais incapable de résister à l’appel d’un défi. Et elle m’avait soûlée comme une barrique à force de me ravitailler sans cesse en mojitos.
Et maintenant j’étais prise au piège.
— Je vais seulement m’inscrire, lui dis-je fermement. Je ne vais pas répondre s’ils me trouvent quelqu’un.
Anna leva les yeux au ciel.
— T’as lu leurs annonces ou pas ? S’ils te trouvent un mec deux fois moins sexy que ceux de la pub, tu vas avoir envie de le rencontrer.
Elle n’avait pas tort. Les hommes sur les affiches de l’agence de rencontres Hot Tatties[1] étaient à tomber avec leurs kilts, leurs muscles, leurs visages fiers. Les hommes écossais étaient la spécialité de cette agence qui exploitait pleinement le sex-appeal de ses clients. La belle-sœur d’Anna avait bossé sur le marketing de l’agence et s’était elle-même déniché un Highlander. Je n’avais rencontré ni l’un ni l’autre, mais c’était à cause d’eux qu’Anna m’avait persuadée – non, forcée plutôt – à venir ici aujourd’hui.
— Je suis célibataire et heureuse de l’être, râlai-je. Je suis en couple avec moi-même. Ça me plaît de ne pas avoir d’engagements.
Anna lâcha un petit son méprisant.
— Et c’est pour ça que tu pleurnichais hier soir, à me dire à quel point tu te sentais seule.
Je ne me rappelais pas avoir dit ça, mais la gueule de bois me martelait encore le crâne et je devais me souvenir d’à peu près la moitié de nos discussions. Tout était un peu flou. Cela faisait des années que je n’avais pas été aussi beurrée. Tous mes amis étaient mariés ou en couple depuis longtemps, avaient des enfants, et aucun d’entre eux n’avaient envie de sortir faire la fête comme par le passé.
Peut-être qu’Anna avait raison et qu’il était temps de se poser. Trouver un gars qui serait plus qu’un coup d’un soir. Acheter une maison. Prendre un chien.
Non, ce n’était pas mon truc. Je n’étais pas ce genre de femme. J’adorais mon indépendance. Le mariage, c’était pour les autres.
— June Summer ?
La réceptionniste parcourut la pièce du regard. Ça m’avait surprise que nous ne soyons pas les seules à vouloir s’inscrire auprès de l’agence – mais après tout, leurs annonces étaient partout.
Anna me tira pour me faire lever et fit signe à la jeune femme.
— C’est nous.
— Lâche-moi, pestai-je.
Elle se contenta de me faire un grand sourire et de resserrer sa poigne sur mon bras, comme si elle avait peur que je m’enfuie. Elle n’avait pas tort.
Elle me força à suivre la réceptionniste dans un plus grand bureau. Le papier peint rose foncé était tapageur, ce qui, ajouté aux coussins duveteux roses et au tapis rouge, m’évoquait une maison close. Derrière le bureau se trouvait une femme d’une quarantaine d’années, et au-dessus d’elle, un autre gigantesque cupidon en kilt.
Elle se leva et contourna le bureau pour nous accueillir en nous serrant la main.
— Moi, c’est Pam, la propriétaire de Hot Tatties. Merci d’être venues.
— Anna, se présenta mon amie. Et voilà June. C’est elle qui va s’inscrire, moi je suis déjà une épouse comblée.
Pam m’adressa un immense sourire.
— Vous n’êtes pas la seule à venir accompagnée d’une amie. C’est toujours agréable d’avoir du soutien. Installez-vous, je vais vous amener les tablettes. Est-ce que vous voulez du thé ? Du café ? Un chocolat chaud ?
J’avais prévu de refuser jusqu’à ce qu’elle mentionne le chocolat. Je ne pouvais jamais résister à une petite douceur de ce type. Grâce à ça au moins, l’expérience allait presque en valoir la chandelle.
— Un chocolat chaud, s’il vous plaît, lui dis-je.
Anna hocha la tête.
— Pareil.
Pendant que Pam préparait nos boissons, je fixais la rangée de photos encadrées sur le mur d’en face. Dix hommes me souriaient, tous magnifiques, tous affublés de kilts, tous très léchables. Je commençais à me dire que l’agence faisait appel à des mannequins pour leur marketing, et non à des mecs réels. Quelle était la probabilité de trouver dix hommes comme eux, parfaits mais célibataires ? Des gars avec un physique pareil n’étaient pas célibataires. Et ils ne choisiraient certainement pas quelqu’un comme moi.
— On ferait mieux de partir, marmonnai-je. Je le sens pas.
Anna me prit la main, soit pour me rassurer ou pour m’empêcher de bouger ; je n’étais pas sûre de son intention.
— On reste. Tu as perdu le pari. Tu dois le faire.
Avant que je puisse lui asséner une réponse bien énervée, Pam revint avec un plateau. Elle avait ajouté un bol de biscuits sablés. Voilà qui était bien écossais. J’emprisonnai mon mug entre mes mains pour m’empêcher de gigoter. Je faisais toujours ça quand j’étais nerveuse.
Pam posa une tablette devant nous.
— Nous avons un questionnaire auquel vous allez devoir répondre. On peut soit faire ça ensemble comme pour une sorte d’entretien ou bien vous pouvez le faire vous-même, c’est comme vous préférez. Ensuite je prendrai quelques photos rapidement, vous crachez dans un tube et c’est fini.
Est-ce que j’avais bien entendu ?
— Je vais cracher dans un tube ?
Elle sourit.
— Nous avons accès à la pointe de la technologie en matière de compatibilité génétique. Les scientifiques ont découvert certains marqueurs pouvant indiquer si une personne est compatible avec une autre.
Elle baissa la voix.
— Personnellement, j’appelle ça le test des âmes sœurs, mais ça peut rebuter les personnes qui n’y croient pas. Vous y croyez, vous ?
— Oui, répondit Anna du tac au tac. À l’instant où j’ai rencontré Ewan, j’ai su qu’on était faits pour être ensemble.
Je l’avais toujours enviée sur ce point. Ewan et Anna étaient vraiment parfaits l’un pour l’autre. Je ne les avais jamais vus se disputer. Ils étaient comme deux morceaux d’un puzzle s’imbriquant parfaitement.
— Et vous, June ? demanda Pam.
Je haussai les épaules.
— Je suppose que les âmes soeurs existent probablement pour certaines personnes, mais je ne crois pas que tout le monde en ait une.
— Eh bien, si l’homme de votre vie est dans notre base de données, nous le trouverons. À moins que vous préfériez les femmes ?
— Non, les hommes c’est bien. Enfin je veux dire, les femmes sont bien aussi, juste pas faites pour moi.
— Je comprends. Vous serez ravie d’apprendre que nous avons actuellement plus de onze mille hommes sur notre liste et que ce nombre augmente tous les jours. J’aimerais avoir autant de femmes qui s’inscrivent. Entendez-moi bien, il y a des femmes qui s’inscrivent tous les jours, mais je n’ai pas les effectifs pour en recruter davantage. Enfin bref, c’est mon problème, pas le vôtre. Je suis sûre qu’on vous trouvera l’homme parfait.
Elle prit la tablette sur la table.
— Faisons ça ensemble, c’est plus chouette pour moi.
Elle nous adressa un grand sourire. Son enthousiasme était étrangement contagieux. Tout à coup je ne me sentais plus si pessimiste vis-à-vis de tout ça. Peut-être qu’elle avait raison. Peut-être que mon âme sœur était quelque part dehors, en train de m’attendre.
— June Summer, c’est bien ça ?
J’acquiesçai d’un signe de tête, attendant quelque commentaire ou blague à propos de mon nom. Tout le monde le faisait. Mais Pam passa directement à la question suivante. Voilà qui était rafraîchissant.
— Votre âge ?
— Trentre-deux ans, bien que mon anniversaire soit le mois prochain.
— Votre anniversaire est en juin ? June en anglais. C’est pour ça que vos parents vous ont appelée comme ça ?
Je soupirai.
— Ouais. C’était débile de leur part.
— Je trouve ça plutôt mignon, dit Pamela tout en tapant. Où vivez-vous actuellement ? Et seriez-vous prête à déménager ?
— Je vis à Dumbarton, mais je travaille ici à Glasgow. Et je suppose que… oui, pour la bonne personne, je pourrais potentiellement déménager.
Non pas que je m’attendais à ce que ça arrive, mais quitte à être ici, autant se prêter au jeu de Pam.
— Bien. La plupart de nos hommes préfèrent que les femmes emménagent avec eux plutôt que l’inverse. Ils vivent dans un endroit magnifique, cela dit. Si je n’étais pas déjà mariée, je me dégoterais bien un de ces spécimens.
Elle m’adressa un clin d’œil et je ne pus m’empêcher de lui rendre son sourire.
— Ils habitent tous au même endroit ? demandai-je.
— La plupart d’entre eux, oui. C’est une zone très étendue cela dit, donc ne vous inquiétez pas, vous aurez de l’intimité. Ils sont répartis en clans qui occupent chacun leur propre ville.
— Attendez, des villes ? Je croyais qu’ils habitaient dans les Highlands. Il n’y pas tellement de villes par là-bas. Je crois que je le saurais s’il y avait des villes peuplées de mecs sexy, enfin je veux dire, d’hommes séduisants qui se baladent en kilt. Tout le monde émigrerait là-bas.
Pam eut un petit sourire en coin.
— Ils n’aiment pas que de potentielles compagnes en sachent trop sur l’endroit où ils se trouvent, précisément pour cette raison. Ils veulent et ont besoin d’être sélectifs en ce qui concerne leurs partenaires, c’est pourquoi ils délèguent entièrement à Hot Tatties le soin de gérer cette sélection. Mais passons. Qu’est-ce que vous faites dans la vie ?
Je détestais cette question parce que la réponse me faisait passer pour la femme la plus ennuyeuse au monde.
— Je travaille dans la finance.
— Oh, je n’aurais jamais deviné. Charmant. Qu’est-ce que vous aimez faire de votre temps libre ?
Les questions se succédèrent ainsi encore longtemps, jusqu’à ce que Pam pose enfin la tablette. Mon mug était alors vide depuis au moins dix minutes et j’étais prête à partir.
— C’était marrant, murmura Anna tandis que la propriétaire de l’agence farfouillait dans son bureau. Je ne savais pas que tu aimais le ball-trap et la randonnée.
Je m’assurai que Pam n’écoutait pas avant de lui répondre.
— J’ai inventé ça pour me rendre plus intéressante. Mes passions sont si barbantes. Et puis, ce n’est pas comme si qui que ce soit allait découvrir un jour que j’ai menti.
Elle me lança un regard dubitatif mais ne dit rien.
Pam agita un appareil photo, me faisant signe de me lever.
— Tenez-vous debout devant ce mur, là-bas, ma chérie. C’est surtout pour moi. Ça m’aide toujours à me souvenir des dames que j’ai rencontrées pendant que je leur cherche un partenaire.
— Ça veut dire que personne d’autre ne pourra voir la photo ?
— Uniquement si on vous trouve quelqu’un et que vous m’autorisez à transmettre vos informations. Nous aimons que les femmes aient le contrôle sur le processus.
Ça, ça me plaisait. Je souris face à l’objectif, légèrement mal à l’aise. Je portais mon tailleur de boulot étant donné que Anna était passée me prendre au bureau. Ce n’était pas ce que j’aurais porté à un premier rendez-vous. Mais tout ceci était un leurre, me rappelai-je. C’était juste pour amadouer mon amie après avoir perdu un pari.
Satisfaite des photos qu’elle avait prises, Pam me tendit un flacon en plastique.
— À présent, il ne me manque plus que votre échantillon et nous en aurons fini pour aujourd’hui.
Je jetai un regard dubitatif au flacon. Cracher là-dedans devant elles me semblait gênant, bien que je ne sache pas vraiment pourquoi. Les gens crachaient sur le trottoir sans arrêt sans y penser. Je soupirai et fis ce qu’elle m’avait demandé. Pam reboucha le flacon et le déposa dans un sac plastique orné d’un logo de cupidon en kilt. Cette petite créature à moitié nue était vraiment partout.
— Je vous contacte dès que je vous aurai trouvé quelqu’un, m’annonça gaiement Pam. J’envoie la prochaine série de prélèvements ce soir au labo, donc il se pourrait que ça soit plus rapide que vous le pensez.
Non, ça n’arriverait pas. On ne me trouverait personne et même si c’était le cas, je n’allais pas le rencontrer.
Ce n’était pas réel. C’était simplement pour faire plaisir à Anna. J’allais rester célibataire.
[1] N.d.T○: Tatties veut dire « patates » en argot écossais. Hot tatties signifie donc « patates chaudes ». Il s’agit d’un jeu de mots puisqu’il faut ici comprendre le mot hot au sens de « sexy ».